Le hameau du Pinet s’étale à mi-coteau sur la pente Ouest de St Didier. Depuis 1764, sa configuration est restée à peu près la même.
Au fond du vallon, coule le ruisseau du Pinet qui alimente le lavoir dans la partie basse du hameau.
Antoine Vincent, cultivateur né en 1931, est le dernier du nom de la branche Vincent du Pinet de St Didier. Sa ferme est nichée dans le creux du vallon et orientée au sud. On y trouvait de belles charpentes, des tonneaux, un four à pain et un puits. Un linteau de porte est gravé 17??, probablement par J.Baptiste Imbert, l’ancêtre d’Antoine qui habitait cette maison en 1760. Antoine Vincent exploita la ferme seul avec son frère Pierre, Antoine s’occupant des 12 vaches laitières et des repas tandis que son frère s’occupait des arbres fruitiers et des courses. Le soir, ils s’endormaient de fatigue sur la table du dîner, ils n’avaient pas la télé… Pas besoin de se dire bonsoir, un signe de tête suffisait pour faire comprendre à l’autre qu’il fallait recharger la cuisinière à bois pour la nuit et aller se coucher.
Son grand-père, Pierre-Antoine dit « Tani » (1856-1929) était cultivateur-vigneron au hameau du Pinet d’en haut, dans la vieille maison de Jean-Louis Imbert, qui a laissé sa signature sur le linteau du portail.
Antoine est né en 1931 dans cette ferme du Pinet-haut . Son père, Charles Vincent (1891-1985) y vivait avec son frère Jean-Antoine et sa famille. Comme il n’y avait pas assez de place pour deux familles, le père d’Antoine décida, en 1932, de s’installer dans la ferme d’en-bas qui était en fermage depuis longtemps. L’oncle d’Antoine Vincent, lui, resta dans la ferme familiale d’en-haut et l’une de ses deux filles transmit la ferme à ses enfants, les propriétaires actuels.
C’est le grand-père « Tani », qui vers 1900, a reconstruit le mur qui entoure la Croix du Pinet*, dont le socle portant l’ostensoir et qui servait de reposoir a été reculé pour l’occasion, et encastré dans le mur.
* La Croix du Pinet, bénie par le curé Revel en 1791, fut donnée par Jean-Louis Imbert (1747-1809), cultivateur-vigneron, voiturier et collecteur de fonds pour la commune de St Didier, et qui habitait la maison des Vincent au Pinet.
Sous la croix, le soubassement garde le souvenir de Jean-Louis Imbert :
« Elle est pour les mortels le chemin de la gloire par la piété de Jean-Louis Imbert l’an 1791″.
Lire l’article très détaillé sur la Croix du Pinet dans « Les Cahiers du Mont d’Or : https://lescahiersdumontdor.wordpress.com/2015/10/14/la-croix-du-pinet-a-saint-didier-au-montdor/
– L’arrière grand-père d’Antoine, Charles Vincent (1819-1892) Fiche de Charles VINCENT se marie en 1840 avec Jeanne Marie Bourdelin (prononcer « Bourd’lin ») dont les trois soeurs se lieront à des familles aux noms très répandus à St Didier : David, Imbert, Bénier et Damez (prononcer « Dâmé ») qui habitent aussi le Pinet en contrebas à droite de la Croix.
– Enfin, celui qui chapeaute cette branche, Jean-Antoine Vincent (1789-1854), est originaire de Limonest. En 1813, alors qu’il travaillait chez la veuve de Jean-Louis Imbert, le donateur de la Croix du Pinet, il fit la connaissance de Jeanne Marie Imbert qu’il épousa la même année.
Jeanne Marie Imbert est la fille de Jean-Pierre Imbert, Maître charpentier tonnelier au Pinet et neveu du donateur de la Croix.
Jean-Pierre IMBERT, son père Jean-Baptiste, et ses oncles (Jacques, Jean-Louis et François) sont tous Maîtres charpentiers-tonneliers au Pinet, sauf Jean-Louis, qui fut voiturier. Les maisons portent la trace de leur métier de charpentier par l’abondance de poutres de bois de grosse taille et de charpentes de belle facture. Antoine Vincent a encore dans sa ferme des billes de bois flotté de 20 mètres de longueur !
Les quatre frères Imbert du Pinet :
Jean-Baptiste Imbert (1737-1805) a signé son nom en 1803 sur une cheminée de la ferme d’Antoine Vincent.
Jacques Imbert ( 1742-1793) est charpentier et officier municipal pendant la révolution.
François Imbert (1750-1822) est charpentier-tonnelier au Pinet. Il est décédé à l’hospice de Lyon.
Jean-Louis Imbert (1747-1809) Fiche de Jean,Louis IMBERTest voiturier et collecteur des impôts pour St Didier. En 1803, Il a laissé ses marques sur les cheminées et le potager de sa maison du Pinet.
Sur le four à pain « J.L. IMBER 1803 Et L’an XI » :
Jean-Louis Imbert, en 1772, l’année de son mariage avec Jeanne Vincent, demeure chez son oncle Jean-Baptiste Bénier, le frère de sa mère.
Jean-Baptiste Bénier (1711-1783)Fiche de Jean,Baptiste BENIER , est vigneron au Pinet. Il habite la maison la plus au Nord du groupe de maisons du Pinet-haut, actuellement maison Grand qui se reliait par en-haut avec la maison de Jean-Louis Imbert.
Sur une cheminée, J.Baptiste Bénier a laissé son empreinte en gravant (ou en faisant graver) :
– Un tétraskèle côté droit, (symbole de la roue et du cycle solaire) :
– Un coeur surmonté d’une croix, côté gauche, ( symbole du sacré-coeur, dévotion au Cœur de Jésus-Christ )
– sur la face, son nom et la date 1764 :
Le hameau du Pinet fonctionnait pratiquement en autarcie, avec un puits et un four à pain pour les foyers du Pinet d’en-haut et un lavoir pour les cinq ou six foyers du hameau.
Sources :
– Généalogie des familles, Généanet – AMilliand (AD du Rhône) : http://gw.geneanet.org/amilliand_w?lang=fr&m=S&n=vincent&p=&nz=milliand&pz=pauline&ocz=1
– St Didier il y a 200 ans, par Marcelle Fournier
– Antoine Vincent – entretien Octobre 2015
Remerciements :
– à Pierre de Laclos pour sa collaboration et ses encouragements
– à la famille descendant des Vincent/Imbert, qui nous a reçus chaleureusement dans sa maison et nous a autorisés à y faire des photos.
Agnès Milliand